春陽会誕生100年、それぞれの闘い
La Shunyôkaï, association d’artistes japonais adeptes de la peinture occidentale, célèbre cette année son 100e anniversaire à la Tokyo Station Gallery en exposant ses combats, tout d’abord pour l’affirmation de son identité face au Nihonga (peinture japonaise) et de son ouverture d’esprit à travers des oeuvres aussi variées dans leurs styles que dans leurs techniques: huile, encre, dessin, gravure, etc. Son principe, éminemment novateur en 1923, consistait en ce que chacun de ses membres puisse commenter librement le travail des autres tout en enrichissant le sien de leurs observations.
Réunissant une centaine d’oeuvres provenant d’une quarantaine de collections dispersées aux quatre coins du Japon, l’exposition retrace les incessantes recherches de ces artistes pour s’affranchir des influences et trouver leur propre voie entre une tradition japonaise dont plusieurs, tels Kishida Ryûsei, Morita Tsunemoto, Kosugi Hôan ou Yorozu Tetsugorô, s’inspirent encore, et l’art occidental en pleine révolution fauve, puis cubiste. Elle décrit aussi leurs luttes intestines et les clivages entre ceux partis étudier en Europe, notamment en France (Hasegawa Kiyoshi, Yamamoto Kanae, Umehara Ryûzaburô ou Oka Shikanosuke), et ceux restés dans la mère patrie, pour nous amener aux lendemains qui chantent de la Seconde Guerre mondiale.
Au fil d’une sélection pour le moins hétéroclite se détachent certaines des meilleures oeuvres de Kishida Ryûsei (dont ses « Camélias dans un panier » et « Reiko jouant du shamisen ») et de Kimura Shôhachi, à commencer par sa très nerveuse série d’illustrations à l’encre du célèbre roman de Nagaï Kafu, « Une histoire singulière à l’Est du fleuve » (1937), et des huiles pleines de piquant telles « My Love » (1934) ou « Gathering for Pan » (1928).
Ce dernier tableau dépeint une joyeuse tablée d’artistes et d’intellectuels de retour d’Europe dont ils étaient nostalgiques, alors que le Japon se mettait à l’heure de l’Occident sous Meiji (1868-1911). Dans la lumière blafarde d’un restaurant occidental éclairé aux lampions, on trinque, on bâfre, on palabre, on s’invective, celui-ci porte un toast, celui-là gratte le shamisen qu’il vient d’arracher à l’hôtesse de céans, un autre encore gît à terre ivre mort, tandis qu’au premier plan, une jeune geisha nous regarde, goguenarde. Quel bel hommage à l’art, à la littérature et à la joie de vivre que Kimura souhaitait peut-être perpétuer au sein de cette Shunyôkai dont il était le leader ?
https://www.ejrcf.or.jp/…/exhibi…/202309_shunyo-kai.html
Après Tokyo, l’exposition tournera aux Tochigi Prefectural Museum, Nagano Prefectural Art Museum et Hekinan City Tatsukichi Fujii Museum of Contemporary Art.