* VOTRE PREMIER CONTACT AVEC L’ART
Petite, j’étais fascinée par la musique. En grandissant, c’était la musique et le théâtre. J’ai commencé à dessiner quand je suis entrée dans ma vie d’adulte. C’était comme une plongée vers quelque nouvelle profondeur émotionnelle. J’ai tout simplement vu une aquarelle d’un ami et me suis dit que j’allais essayer aussi.
* CE QUI FAIT QUE VOUS ÊTES DEVENUE ARTISTE
Qu’est-ce que c’est, « devenir artiste » ? C’est sans doute créer des oeuvres, mais aussi accepter de vivre dans la pauvreté et l’instabilité (sauf si on vient d’un milieu qui vous soutient), à l’affût de nouvelles choses à découvrir. Dès mes premiers coups de pinceau, je ne pouvais plus m’arrêter. C’était un besoin inné, comme une bouteille d’eau gazeuse qui est tout à coup ouverte après avoir été secouée. Je pense que « devenir artiste », cela peut se passer dans tous les domaines, pas seulement dans l’art, et c’est pour moi une sorte de folie dont je n’ai pas le contrôle.
* 3 ŒUVRES DE VOTRE CHOIX
« Luv » montre deux formes humaines qui se touchent, comme des fils fragiles. C’est un souvenir que j’ai de mon séjour en Afrique de l’Ouest. J’y ai découvert l’importance d’être proches les uns des autres et de s’occuper des autres. Magnifique Afrique.
« Le trompettiste », des lignes mélodiques dans un espace sonore. Je suis flûtiste. Avec la trompette, il faut chercher la note avec ses lèvres et souffler fort avec le ventre, avec la flûte il y a en plus un travail des doigts différent. C’est un peu un dialogue sur l’improvisation musicale et le jazz.
« Le soupirail du coeur rouge aux larmes noires ». Parfois je demande à quelqu’un de créer un titre pour un de mes tableaux. Ici c’est une personne qui a vu le tableau qui a créé cette phrase (merci, Laurent-Noël). Le rapport mots, image et son me passionne. En lisant ce titre à haute voix, je sens que ce titre ajoute quelque chose au tableau, avec ses sons et son rythme, ainsi que les diverses images qu’amènent les mots. Je pense qu’un titre ne doit pas décrire une oeuvre, mais l’ouvrir, la compléter et parfois aussi l’habiller.
* VOTRE PARCOURS ARTISTIQUE
J’ai étudié la musique (la flûte et le piano classiques à Paris, de 7 à 17 ans), le théâtre (de 17 à 23 ans) et le dessin classique et abstrait non-figuratif depuis l’âge de 19 ans, ainsi que la danse contemporaine à partir de 25 ans. Je continue à les étudier et à amener dans mes peintures ce qui les relie : le mouvement, la respiration, l’espace, la lumière, les couleurs et les lignes (des exemples sont les parallèles mouvement du pinceau, mouvement du corps, rythme musical, rythme pictural).
Dans l’art visuel, j’ai commencé par le dessin traditionnel et de la représentation de modèle, peinture à l’huile et dessin au fusain et crayon, développant petit à petit le non -figuratif, dans les années avant d’arriver au Japon. Arrivée au Japon, élève du maître calligraphe Tanaka Shingai à Kyoto pendant 5 ans, je faisais de la calligraphie abstraite (presque impossible à lire pour les Japonais ordinaires) et aussi mes propres dessins abstraits. Je me suis finalement tournée vers l’encre, le papier de riz, les crayons, le fusain, le collage sur papier, l’acrylique et la gouache.
Aujourd’hui j’enseigne le langage, l’expression et la communication, à la fois à travers le corps, le dessin, et les mots. En constante recherche, je peins quelque chose qui vient de mon intérieur, habillé des cultures des pays où j’ai habité, et qui me revient empreint de l’énergie de la vie autour de moi. Je vends un peu mes tableaux, et cela me permet de continuer de rencontrer des êtres humains formidables.
* VOUS ET LE JAPON
À 26 ans, j’ai gagné un prix de peinture qui, avec la vente de mes tableaux, m’a permis de partir au Japon. Ma grand-mère et mon père m’avaient parlé de ce pays fantastique. La calligraphie m’intéressait spécialement.
Le Japon me fascine toujours autant après 35 ans (dont 10 passés à Bruxelles pendant cette période). C’est à la fois un grand Disneyland et une île du Pacifique toute en nature sauvage et en modernité contrôlée, une société à la fois violente et délicate, à la fois très ouverte et très fermée. J’aime aussi que ce soit un pays d’extrêmes.
* VOTRE TECHNIQUE
J’utilise la peinture acrylique et la gouache sur toile, le carton-toile et le papier, ainsi que des crayons de couleur. Je travaille souvent le cadre, qui représente le passage entre le monde du tableau et le monde extérieur. Le collage fait partie intégrante de mon travail, car je coupe et découpe des morceaux d’anciennes peintures que je n’ai pas continué, pour amener des éléments extérieurs qui vont élargir la composition.
* UN RÊVE (OU UN PROJET) FOU
De continuer à marcher sur mon petit chemin intérieur.
* LE RÔLE DE L’ART
Je pense que l’art peut ouvrir les esprits et l’imagination, nous amener à dépasser nos limites et à accepter les autres. C’est aussi de faire chercher, à celui qui fait de l’art ainsi qu’ à celui qui s’expose à l’art, qui l’on est au fond de soi-même. Je suis persuadée que l’art relie les humains sur cette petite planète terre !
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