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Artistes français et francophones du Japon : Koen Hosaka, calligraphe (Tokyo)

* VOTRE PREMIER CONTACT AVEC L’ART

Ma mère avait une belle écriture et mon père aimait bien calligraphier même si déjà, à leur époque, les Japonais n’écrivaient que rarement au pinceau et à l’encre. Ma mère m’a donc inscrite à une petite école de calligraphie quand j’avais 6 ans. Mes parents pensaient que l’apprentissage d’une belle écriture était la base de l’éducation. Pour eux, la calligraphie n’était peut-être pas un art mais quelque chose que l’on doit apprendre.

* 3 ŒUVRES

– Haru Umi no Gotoshi(春如海) (Le printemps comme la mer), encre sur papier (70x35cm) dans le style de Hoshi Kodo.

J’ai choisi cette calligraphie parce que j’aime bien… le design du rouleau réalisé par M. Kugishima qui habite à Miyazaki, dans le sud du Japon. J’ai une confiance totale dans son choix de mise en rouleau. Pour cette oeuvre, je me suis contentée de lui indiquer mes préférences de couleur.

– Calligraphie en kana d’un poème du recueil Kokin, encre sur papier (24x 27 cm)
世の中に たえて桜のなかりせば 春の心は のどけからまし
Yo no naka ni/ Taete Sakura no nakariseba / Haru no kokoro ha / Nodokekaramashi
S’il n’y avait pas de Sakura dans ce monde, nous passerions le printemps plus paisiblement

Ce poème waka exprime d’une manière paradoxale notre passion pour les fleurs de cerisier qui sont si éphémères. Nous les attendons impatiemment mais dès qu’elles ont éclos, nous inquiets de ce qu’elles tombent si facilement avec la pluie et le vent.

Il a été composé par Ariwarano Narihira, poète et aristocrate japonais du 9e siècle mais écrit en kana, système d’écriture japonais inventé à la même époque. C’est mon poème préféré. Surtout au printemps, il est tout le temps dans ma tête.

– Salutations hivernales, stylo feutre sur carte postale.

Entre les 8 janvier et 2 février, le moment le plus froid au Japon, on a coutume d’écrire un message disant : « Prenez bien soin de vous pendant la saison froide ». C’est mon écriture originale, j’ai acquis ce style après m’être formée à la calligraphie de kana au stylo auprès de plusieurs professeurs.

* VOTRE PARCOURS

J’ai commencé à étudier la calligraphie en suivant des cours particuliers à l’âge de 6 ans puis j’ai continué jusqu’au lycée. Il y a 23 ans, j’ai obtenu le diplôme de professeur de calligraphie à l’école de calligraphie Nihon-Shuji dont le nombre d’élèves est le plus important du Japon et, il y a environ quinze ans, celui de professeur de calligraphie de kana (écriture d’origine japonaise) et au stylo.

Il y a 9 ans, j’ai découvert le meilleur calligraphe contemporain du Japon à mon sens, Hoshi Kodo, en visitant l’exposition Nihon-Shosakuin qu’il préside au Centre National des Arts à Nogizaka (voir article du 28 janvier 2025). Je lui ai demandé tout de suite de me prendre comme élève. Et ma vie de calligraphe a complètement changé.

Pour pouvoir suivre son cours, je me suis inscrite à l’Association de l’école de calligraphie Ryuhin qu’il préside. À présent, je dois m’entraîner tous les jours à tous les styles, y compris celui des œuvres traditionnelles chinoises, et participer à de grandes expositions. Pour ce faire, il me faut réaliser des œuvres de grand format (228x 53 cm).

Finalement, il y a deux ans, j’ai obtenu le diplôme de professeur de calligraphie en kanji (caractères chinois) de l’école Ryuhin. Mais j’ai l’impression de n’être qu’au début du chemin. Hoshi Kodo lui-même dit qu’il n’a pas atteint le sommet de son art auquel il aspire !

* VOUS ET LA FRANCE

Je suis allée pour la première fois en France il y a 37 ans, avec mon époux qui faisait un stage au palais de Justice de Paris. Comme j’étais avec ma fille de 3 ans, beaucoup de Français m’adressaient gentiment la parole mais je ne pouvais pas bien communiquer avec eux si bien que j’ai décidé de continuer à apprendre français après mon retour au Japon.

Depuis trente ans, j’étudie donc le français à l’Institut à Tokyo en suivant les magnifiques cours de Madame Lemaitre depuis plus de 15 ans. Grâce à ses cours d’histoire de l’art, notamment, j’ai découvert de nombreux artistes et styles d’art différents qui ont stimulé ma créativité en tant que calligraphe.

Par ailleurs, il y a plus de vingt ans, je suis devenue membre des Amis de la Langue Française à Tokyo et, suivant la proposition d’une amie française, j’ai commencé à donner des cours de calligraphie aux français et francophones de tout âge. Je me souviens quand j’ai commencé à donner des cours aux enfants français, alors que je leur demandais d’écrire un kanji en suivant l’ordre des traits traditionnel, l’un d’eux qui voulait faire autrement m’a demandé pourquoi il fallait respecter cet ordre. J’ai été très surprise par son esprit critique mais c’est un excellent souvenir aujourd’hui ! Quelques expatriés français font de la calligraphie avec moi depuis plus de dix ans. Certaines continuent depuis la France sur Zoom ou par correspondance.

* UN RÊVE

Je voudrais continuer à transmettre l’art de la calligraphie aux francophones qui s’intéressent au japonais. La calligraphie au pinceau et au stylo permet d’apprendre la langue et les mots japonais, ainsi qu’une écriture correcte. Sur la base de ces connaissances, on peut aussi créer des œuvres artistiques.

Mais bien sûr, même si on ne connaît pas le japonais, on peut aussi apprendre la calligraphie au pinceau et créer des œuvres d’art si on comprend le sens des caractères.

Je voudrais aussi mieux faire connaître la calligraphie aux Japonais qui ne savent plus écrire correctement de nos jours. On voit très souvent à la télévision des dirigeants d’entreprise et des hommes politiques écrivant leur devise devant les caméras. Mais leur écriture est toujours très décevante ! Dans la vie quotidienne on a aussi l’occasion de calligraphier son nom, par exemple, sur les enveloppes à étrennes, etc.

Enfin, mon plus grand rêve serait de réaliser une œuvre dont je pourrais être satisfaite, c’est-à-dire une oeuvre où je pourrais mettre toute mon âme et qui pourrait émouvoir celui qui la regarde.

* LE RÔLE DE L’ART

Je pense que l’art, c’est quelque chose qui relie toutes les choses de la vie.

Avant, je pensais que c’était quelque chose de beau qui existe naturellement autour de nous. Mais en suivant des cours d’histoire de l’art, j’ai compris que cela permet de mieux le comprendre et de s’ouvrir à toutes les formes d’art dans le monde entier !

Haru Umi no Gotoshi(春如海) (Le printemps comme la mer), encre sur papier (70x35cm) dans le style de Hoshi Kodo
Calligraphie en kana d’un poème du recueil Kokin, encre sur papier (24x 27 cm) 
世の中に たえて桜のなかりせば 春の心は のどけからまし
Yo no naka ni/ Taete Sakura no nakariseba / Haru no kokoro ha / Nodokekaramashi
S’il n’y avait pas de Sakura dans ce monde, nous passerions le printemps plus paisiblement
Autre calligraphie en kana
Salutations hivernales, stylo feutre sur carte postale
Caractère Shin 信 (confiance), encre sur papier 45 x 35 cm. Encadrement réalisé par M. Kugishima à Miyazaki.
Cette calligraphie a été commandée par une députée en 2025 et installée sur son bureau à la Diète.
Calligraphie d’un poème chinois de Rikyo (7e siècle) dans le style de Hoshi Kodo, encre sur papier, 227 x 53 cm.
Elle a été présentée à l’exposition Nihon Shosakuin 2025. Il s’agit d’un message d’amitié pour un ami qui part au loin.
Koen Hosaka devant sa calligraphie à l’exposition Nihon Shosakuin 2025
Koen Hosaka au travail
Modèle de Hoshi Kodo que Koen Hosaka doit travailler pour le concours de l’exposition Yomiuri Shinbun qui aura lieu cet été.
La calligraphie est un art qui exige un entraînement assidu et quotidien. Ici, feuilles d’exercices de calligraphie en kana de Koen Hosaka.
Exercices de calligraphie de Koen Hosaka avec des kanji (caractères chinois) et des hiragana (syllabaire japonais)