* VOTRE PREMIER CONTACT AVEC L’ART ET CE QUI FAIT QUE VOUS ÊTES DEVENU ARTISTE
Quand j’étais petit, je m’intéressais beaucoup aux tableaux et à la sculpture. À 14 ans, j’ai été impressionné par les tableaux de Monet et de Matisse parce que je trouvais leurs couleurs très belles.
– Espace (2017) acrylique sur panneau technique pointilliste, 176×176
– Espace (2022) acrylique sur panneau, technique pointilliste, 118×276
– Espace (2024) acrylique sur panneau, technique pointilliste, 176×176
J’ai choisi des oeuvres dont le style est similaire parce que j’estime qu’après une longue période de recherche, je n’ai véritablement trouvé ma voie qu’après avoir rencontré le peintre japonais Tomoharu Murakami (1938-2024) dont la technique est pour moi du même niveau que celle de Léonard de Vinci !
Quand on regarde ses oeuvres, on pense qu’elles sont abstraites et on ne voit souvent que du noir, mais dans ce noir, il y a beaucoup de choses. Pour moi, les oeuvres de Murakami ne sont ni abstraites ni figuratives. Savez-vous qu’il peut mettre 10, voire 15 années à achever un seul tableau ?! « Chaque tableau est une prière », m’a-t-il dit un jour. J’ai été « obligé » de revoir mon art de fond en comble et de choisir le pointillisme à cause de lui !
* VOTRE PARCOURS
Je suis né à Yokohama en 1955 et, après ma découverte des impressionnistes français au lycée, j’ai décidé d’étudier à l’université des beaux-arts de Musashino (Tokyo) dont je suis sorti diplômé en 1978.
Ensuite, j’ai voyagé dans toute l’Europe, notamment en Espagne où j’ai été frappé par la technique de Velasquez qui sait rendre les personnages de ses peintures si « présents ». J’ai aussi vu Léonard de Vinci à Londres et à Paris. Je suis tombé complètement sous le charme de la capitale française et j’ai décidé de m’y installer. De 1981 à 1983, j’ai étudié à l’École des beaux-arts de Paris en m’intéressant plus particulièrement aux techniques de Velasquez, Matisse ou Cézanne. En 1984, je suis entré à Atelier 17, une école de gravure (devenue Atelier Contrepoint en 1988) où j’ai mené mes propres recherches dans la voie de l’art contemporain.
De retour au Japon à l’âge de 30 ans, j’ai travaillé sur la notion de répétition jusqu’à ce que je fasse la connaissance de Tomoharu Murakami en 2000. Cette rencontre a changé ma vie !
* VOUS ET LA FRANCE
J’ai raconté plus haut comment je suis tombé amoureux des impressionnistes au lycée, puis de la ville de Paris durant ma période estudiantine. Pendant mon séjour en France, j’ai rencontré de nombreux artistes et je me suis fait de véritables amis avec lesquels j’ai partagé, outre de bons repas – j’adore le vin, le gibier, le pain et le fromage ! -, des réflexions profondes sur la vie, l’art et la culture. J’ai été touché par le fait que les Français sont très ouverts aux notions typiquement japonaises du MA (間, l’espace) ou du IKI (粋, le raffinement naturel) par exemple.
Un jour, l’un de mes amis m’a emmené visiter l’abbaye de Fontenay en Bourgogne. Le dépouillement de son architecture m’a fait ressentir l’espace dans toute son intensité et son mystère. C’est cela que j’essaye de rendre dans mes tableaux.
* VOS SOURCES D’INSPIRATION
Autrefois : Velasquez, Léonard de Vinci et la statue du boddhisattva Maitreya au temple Koryu-ji à Kyoto.
Aujourd’hui : Tomoharu Murakami, les abbayes de Fontenay et de Pontigny en Bourgogne.
* VOTRE TECHNIQUE
J’utilise la technique pointilliste qui consiste à couvrir la toile de millions de points à l’aide de pinceaux ultrafins. Par exemple, 3 ans de travail à raison de 20 millions de points et 300 pinceaux ont été nécessaires pour peindre la toile Espace de 2017 (176×176 cm).
* UN RÊVE
J’aimerais habiter complètement en France près de Dijon et aussi faire une exposition en France.
* LE RÔLE DE L’ART
Rendre les gens qui le contemplent heureux. Si mes oeuvres pouvaient contribuer un tant soit peu à leur bonheur, je serais comblé !
Les oeuvres de Toru Kaneko seront visibles du 7 au 16 mars à Hikarie, Shibuya, Tokyo
https://www.hikarie.jp/event/detail/?cd=000442









