Pour oublier la guerre, Joan Miró (1893-1983) peignait de grands ciels peuplés de créatures et d’objets étranges aux couleurs vives, nés de son imagination fertile, de sa fréquentation des Surréalistes dans les années 1920 à Paris et de la passion pour le cosmos qui l’étreignait, lui et tous ses contemporains.
Le grand mérite de l’exposition « Joan Miró » qui se déroule au musée d’art métropolitain de Tokyo jusqu’au 6 juillet 2025 est de présenter non seulement les aspects de l’artiste que nous connaissons le mieux à savoir ses « Constellations » des années 30 et 40 ou les grandes compositions chamarrées des années dites « américaines » (de 1950 à 1970) mais aussi ceux qui sont moins connus.
On y découvre ainsi ses premières toiles, réalisées dans sa Catalogne natale dans un style tantôt « détailliste » et naïf, tantôt fauve ou cubiste, notamment des paysages autour de la propriété de ses parents à Mont-roig, des natures mortes, des scènes de genre ainsi qu’un impressionnant « Autoportrait » de 1919 où il se représente dans un style cubiste et dont il fera cadeau à son ami Picasso qui le conservera toute sa vie.
Sont également visibles des oeuvres des dernières années où, installé entre ciel et mer dans son grand atelier de Majorque (Baléares), il s’engage sans vouloir le dire dans la voie de l’abstraction lyrique avec de très grands formats couverts de projections, tâches ou motifs géométriques peints dans un jaillissement de liberté et de vitalité, tels « Feux d’artifice I, II, III » (1974), » L’Aile de l’alouette encerclée du bleu d’or rejoint le coeur du coquelicot endormi sur la prairie parée de diamants » (1967) d’après un haïku japonais, ou encore « Personnage devant le soleil » (1968) inspiré du moine japonais Sengai (1750–1837) qui avait représenté l’univers sous la forme de simples cercle, carré et triangle.
Il s’agit de la plus grande rétrospective au Japon du maître espagnol depuis celle de 1966, alors organisée avec sa participation active.
