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« Keith Haring, Art to the Streets » à la Mori Art Center Gallery, Roppongi, Tokyo, jusqu’au 25 février 2024

Pour Keith Haring (1958-1990), créer de l’art était un acte avant tout militant. Durant sa courte carrière, du début des années 80 jusqu’à sa mort en 1990, il n’eut de cesse, avec ses pictogrammes de petits personnages cernés de noir sur fond uni, de dénoncer les maux de la société contemporaine : le pouvoir de l’argent, la guerre, la discrimination à l’égard des Noirs, des femmes ou des homosexuels – ce que lui-même était -, les dangers du nucléaire, les ravages de la drogue ou du sida dont il mourut à l’âge de 31 ans… 

Esprit libre mais parfaitement en phase avec le milieu artistique de son époque, le post-modernisme new yorkais en révolte contre l’art conceptuel et minimaliste de la génération précédente, il recouvrait de dessins à la craie ou à la bombe les couloirs du métro, les murs des entrepôts ou des rues, les trottoirs… Il dessinait et imprimait à ses frais des affiches dénonçant tel ou tel fléau qu’il distribuait aux passants car, pour lui, l’art concernait tout un chacun et devait rester accessible à tous. 

Bébés « scintillants », femmes enceintes, hommes à tête de crocodile, chien jappant, verges et vulves… ses motifs obsessionnels si caractéristiques, inspirés à la fois des comics américains, des lignes de Nazca et autres primitivismes, mais aussi, parfois issus du répertoire antique (pyramides, temples) ou SF (soucoupes volantes), mélangeant allègrement époques et genres dans une absolue liberté, recouvrent entièrement la surface des supports et ne cessent de nous interroger, tels des rébus hiéroglyphiques.

L’exposition du musée Mori présente, dans un ordre à la fois chronologique et thématique, la courte mais trépidante carrière de l’artiste, son amitié avec ses prestigieux contemporains, à commencer par Andy Warhol et Jean-Marie Basquiat, sa passion pour la danse et la musique ainsi que… pour le Japon où il se rendit à plusieurs reprises pour exposer et animer des ateliers pour les enfants qu’il affectionnait particulièrement, mais aussi pour ouvrir son 2e « Pop Shop » qui lui permettait, par la vente de produits dérivés, objets d’art, lithographies et autres reproductions de ses oeuvres, de financer son art et ses combats.

https://kh2023-25.exhibit.jp/english/

Podcast en français sur Radio France (exposition au musée d’art moderne à Paris, 2013): 

https://www.radiofrance.fr/…/keith-haring-ou-l-art-au…

Affiche de l’exposition avec un « bébé scintillant », symbole de la vitalité
Dog (1986)
Andy Mouse (1986)
Untitled (1983)
Three Lithographs (1985) (1 des 3)
Art Attack on AIDS (1988)
Keith Haring près d’un de ses dessins à la craie dans le métro new-yorkais en 1983