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Le Billet de Geneviève : « Artemisia » au musée Jacquemart André de Paris jusqu’au 3 août 2025

Artemisia Gentileschi (1593-v.1656) est à l’honneur au musée Jacquemart André de Paris. C’est une des rares femmes à avoir réussi à s’imposer dans la vie artistique de son époque et à en vivre alors que l’exercice de la peinture était réservé aux hommes.

Accueilli par le Portrait d’Artemisia Gentileschi de Simon Vouet (1590-1649), le visiteur découvre un visage reflétant l’énergie, la volonté et l’ambition de celle qui avait subi de graves épreuves.

Fille du peintre Orazio Gentileschi (1563-1639), elle se forme dans son atelier et, très tôt, montre de réels dons pour cet art. Dans une lettre à Christine de Lorraine, grande duchesse de Toscane, en 1612, son père écrit : « Artemisia, en trois ans, est devenue si habile que j’ose dire aujourd’hui qu’elle n’a nul autre pareil, ayant déjà réalisé des oeuvres dont il se peut que les principaux maîtres de cette profession n’atteignent la maîtrise ».

Son admirable Suzanne et les vieillards peint alors qu’elle n’a que 17 ans, en témoigne. C’est aussi la période tragique où elle subit le viol d’Agostino Tassi, collaborateur et ami de son père. Après un douloureux procès condamnant l’accusé (protégé du pape, il ne purgea pas sa peine), elle épouse Pierantonio Stiattesi et part vivre à Florence.

Peu à peu elle se dégage de l’influence picturale de son père et réalise des œuvres marquées par Caravage dans leur naturalisme et une certaine violence. Comme lui, elle peint directement sur la toile sans croquis préalable. Elle représente un impressionnant Judith décapitant Holopherne, sujet qu’elle reprend plusieurs fois avec moins de brutalité. Judith et sa servante, d’une composition originale et remarquable en est un exemple.

Pour vivre, elle réalise avec talent de nombreux portraits. Après avoir voyagé jusqu’à Londres où elle rejoint son père et l’aide à achever une commande de Charles Ier d’Angleterre, elle séjourne dans différentes villes d’Italie. S’installant à Naples, elle obtient une commande d’un cycle de peinture pour la cathédrale de Pouzzoles, ce qui était en principe réservé à des hommes. C’est dans cette ville qu’elle meurt, probablement de la peste, autour des années 1556.

Un destin de femme hors du commun !

Geneviève Gigon-Bayle

https://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/artemisia?srsltid=AfmBOoo73g32YlGV4Dxzi4TKQDolAeBNv52n1LhW-kAR7vrHPuRehd_W

Affiche de l’exposition « Artemisia » au musée Jacquemart André avec « Judith et sa servante », vers 1618-1619
Suzanne et les Vieillards, 1610
Judith décapitant Holopherne (version de Naples), 1612-1614
Judith et sa servante, vers 1618-1619
Autoportrait en Allégorie de la peinture 1638-1639
Portrait d’Artemisia Gentileschi, par Simon Vouet, 1622-1626