À Paris, le musée Marmottan met en lumière le peintre Eugène Boudin (1824-1898) grâce au prêt généreux de Yann Guyonvarc’h, collectionneur passionné par cet artiste normand.
Des ciels immenses aux délicats bleu pâle, souvent chargés de nuages annonçant les ondées fréquentes de cette région de France, sont donnés à contempler. La mer est omniprésente dans la production de ce peintre qui donne un aspect d’esquisse à ses toiles, travaillées au départ en extérieur puis achevées en atelier.
Les 80 œuvres exposées montrent l’amour de Boudin pour la nature et pour la lumière si spécifique et changeante des paysages maritimes. Les ports où sont ancrés de superbes voiliers, la plage qui devient un lieu à la mode, sont peints avec brio mais toujours à sa manière faite d’une touche rapide.
Né à Honfleur en 1824 et issu d’un milieu extrêmement modeste (son père est marin), il est d’abord mousse sur un bateau puis travaille au Havre chez des imprimeurs où il découvre la lithographie. Il dessine depuis l’enfance. Ouvrant à 20 ans une boutique de papetier-encadreur, il a l’occasion de rencontrer les peintres Eugène Isabey, Thomas Couture, Jean-François Millet qui l’encouragent dans ses travaux. En 1847, il vient à Paris et visite le Louvre, copiant les paysagistes hollandais.
Claude Monet, qui, à seize ans, s’est fait au Havre une réputation de caricaturiste (quelques-unes sont présentées dans le parcours de l’exposition), n’apprécie pas l’œuvre de Boudin, comme bon nombre de ses concitoyens. Elle ne paraît pas assez finie, pas assez « léchée ». Finalement, Eugène réussit à le convaincre de venir dessiner sur le motif. Monet en gardera un souvenir inoubliable.
Après des années très difficiles, des ventes permettent à Boudin de voyager : d’abord en Bretagne dont est originaire son épouse, puis à Bordeaux, en Hollande, dans le sud de la France, où la luminosité le déroute, et enfin jusqu’à Venise.
Il meurt à Deauville en 1898 dans une modeste maison qu’il avait fait construire, laissant derrière lui de très nombreuses études et un regard nouveau sur les subtilités de la lumière annonçant l’impressionnisme.
Geneviève Gigon-Bayle







1890

1895

1895
