Le Petit Journal

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Le billet de Geneviève : « Ribera. Ténèbres et Lumière » au Petit Palais jusqu’au 23 février 2025

À Paris, le Petit Palais présente la première rétrospective des œuvres de José (Jusepe en version italianisante) de Ribera (1591-1652). Peu connu du grand public, il fut pourtant en son temps l’un des principaux artistes de l’âge baroque. Considéré comme l’héritier du Caravage (1571-1610), ses contemporains décrivaient son travail comme « plus sombre et plus féroce ».

C’est en effet un monde douloureux et ténébreux qui accueille le visiteur au Petit Palais. Ribera s’intéresse aux pauvres. Son Mendiant (v. 1612-1614) au teint rougeaud nous regarde de face, tendant son béret pour recueillir une aumône. « C’est la première fois, commente Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, qu’est représenté un marginal comme sujet principal ».

Parfois un certain humour apparaît. L’Allégorie de l’odorat (v.1615-1616), personnifié par un gueux plutôt sale tenant un oignon coupé entre ses mains faisant pleurer son œil, en est un exemple. De nombreux portraits de saints (Saint Barthélémy (v.1612), Saint Thomas (v.1612), magnifique et lumineux Saint André en prière (v.1615- 1618)) et des scènes religieuses parfois très proches du quotidien des bas fonds de Rome que le peintre fréquente, sont données à voir.

Le Reniement de Saint Pierre (v.1615-1616) se situe dans une taverne où un groupe d’hommes attablés jouent tandis qu’une servante, de profil, montre du doigt l’apôtre aux personnages présents. Toute cette scène, très vivante, se déroule dans une ambiance assez sombre, seuls les visages sont éclairés.

Une salle à l’atmosphère quasi-religieuse rassemble les trois superbes versions de la Lamentation sur le Christ mort. De nombreuses toiles représentent les martyres de différents saints avec un réalisme parfois insoutenable.

Ribera, né près de Valence en Espagne, a quitté très jeune son pays pour l’Italie. Il fréquente Rome, menant une vie de bohème. Il y découvre les œuvres du Caravage rejetant le principe du « beau idéal » pour promouvoir une peinture « d’après nature ». Selon ses contemporains, il travaille avec une vivacité et un talent rares. Il se rend ensuite à Naples où il devient célèbre et reçoit de nombreuses commandes.

Plus d’une centaine de peintures, dessins et gravures, provenant du monde entier, sont exposés. Impressionnant !

Geneviève Gigon

Jusqu’ au 23 février 2025

Petit Palais, Avenue Winston Churchill, 75008

Du mar. au dim. 10h-18h, ven. et sam. jusqu’à 20h, fermé le lundi.

Tarif : 15 € – TR : 13 € – Gratuit -18 ans

Affiche de l’exposition avec Saint Jérôme et l’ange du Jugement dernier, 1626.
Allégorie de l’odorat, vers 1615-1616. Huile sur toile
Un mendiant, vers 1612-1614. Huile sur toile
Saint André en prière, vers 1615-1618. Huile sur toile
Lamentation sur le Christ mort, 1618-1623. Huile sur toile
Martyre de saint Barthélémy, 1644. Huile sur toile