Peindre la nature, tel est l’engagement de Théodore Rousseau (1812-1867). Mis à l’honneur au Petit Palais de Paris, son travail n’avait pas été montré au public depuis 1967.
De paysages en paysages, l’artiste partage sa contemplation marquée au départ par une vision romantique avec de superbes ciels tourmentés (« Paysage avec coucher de soleil orageux », vers 1844). Après avoir sillonné la France et représenté différentes régions, la Normandie mais aussi l’Auvergne et le Jura (« Paysage d’Auvergne », 1830 ; « Lac de Malbuisson » dans le Jura, 1831), il s’installe à Barbizon. Il rejoint ainsi son ami Jean-François Millet (1814- 1875) tandis que d’autres peintres paysagistes les retrouvent. Il y restera jusqu’à sa mort, la forêt devenant sa muse.
Défenseur de cette belle forêt de Fontainebleau, il crie son désespoir en voyant des chênes centenaires coupés par l’homme en pleine période d’industrialisation. Il réalise alors un dessin intitulé le « Massacre des Innocents »… Il se bat pour préserver ce lieu obtenant de l’État en 1853, la première réserve naturelle du monde sous le nom de « réserve artistique », officialisée en 1861.
Reprenant souvent ses tableaux, cet éternel insatisfait les a parfois chargés de bitume ou de couleurs chimiquement incompatibles, ce qui nuit malheureusement aujourd’hui à leur lecture.
Une centaine d’œuvres sont données à voir provenant du musée du Louvre et du musée d’Orsay mais aussi de prestigieux musées internationaux et de collections privées.
Un moment de pause pour contempler la vision de Théodore Rousseau : « Si je parviens par l’assimilation de l’air et de la lumière, à donner la vie générique à ce monde de la végétation, alors vous y entendrez les arbres gémir », aurait-il dit en 1872, cité par Alfred Sensier.
Geneviève Bayle
Jusqu’au 7 juillet 2024. Petit Palais, Avenue Winston Churchill 75008 Paris.