Lorsque nous utilisons un objet dans la vie quotidienne, réfléchissons-nous au matériau dont il est fabriqué et aux autres usages qui pourraient être faits de ce matériau même ?
L’exposition MATERIAL, OR du 21_21 Design Sight de Tokyo (Roppongi) suscite ces interrogations et leur apporte, avec esthétisme et originalité, des réponses variées selon les artistes sollicités : lampe circulaire en résine hérissée de spicules qui, en fondant, se transforment en stalactites ; tronc d’arbre creusé par un pic vert ; patchwork indigo investi par les vers à soie afin qu’ils le « réparent » ; fauteuil confectionné avec des câbles en PVC recyclés, puis tressés ; tapis cousu avec des chutes de fourrures artificielles recyclées ; planche de surf réalisée en carapaces de crustacés ; pull tricoté avec des cheveux humains ; installations en paille de riz ou en papier recyclé ; ponts élaborés avec des racines d’arbres vivantes dans la jungle indienne ; carte du Japon reconstituée au sol avec des échantillons de terres et minéraux en provenance de différentes régions ; voile diaphane tissé en acier inoxydable en mémoire d’une grand-mère décédée du covid-19, etc., etc.
L’exposition se termine ou commence par les oeuvres les plus récentes du maître du verre, de la lumière et de la transparence, Tokujin Yoshioka. Un imposant chaudron en verre et le fameux banc transparent du musée d’Orsay « Water Block » accueillent le visiteur à l’entrée de la galerie 3 où l’on peut admirer un jeu de torches transparentes ainsi que des vidéos montrant le féérique spectacle de ces objets enflammés et retraçant la carrière de ce designer et plasticien de 56 ans qui s’est rendu célèbre dans le monde entier par des oeuvres d’inspiration shintoïste qui nous racontent de manière ultra contemporaine ce Japon immémorial, à la fois si lointain et si proche.