Saintes et saints, gentes dames et beaux messieurs, châteaux fortifiés, forêts mystérieuses, travaux des villes et des champs, calligraphies gothiques ou romanes parées d’entrelacs et autres drôleries… Miho Giraud « met en lumière » scènes médiévales ou plus contemporaines, religieuses ou profanes, réelles ou fictives, en appliquant ses pigments sur fond d’or ou d’argent dans le strict respect de règles et principes esthétiques élaborés plus de 1000 ans avant sa naissance, à 10 000 km de chez elle ! Miho Giraud, née Kuroyanagi, vit à Tokyo. Elle est japonaise et a choisi le métier d’enlumineuse.
Dès son enfance, Miho est attirée par l’art, grâce à un grand-père peintre de nihonga qui l’initie très tôt au mélange des pigments, à l’application de la feuille d’or et à la ligne épurée propres à cet art typiquement japonais mais proche de l’enluminure par ces caractéristiques. Son parcours n’est pourtant pas en ligne droite. Après des études de français à Gaïgo (Tokyo University of Foreign Studies) et un début de carrière dans la finance, l’appel de l’art, qui se fait bientôt irrésistible, la conduit en Bourgogne où elle apprend à restaurer les peintures murales des églises romanes sous la direction éclairée de son célèbre compatriote, Hisao Takahashi. De retour au Japon, faute de murs pour exercer son talent, elle tombe sur une enluminure autrefois offerte par son mari. C’est le déclic : elle sera enlumineuse ! Dès lors, elle enchaîne formations et ateliers, notamment celui d’Annie Bouyer, enlumineuse romane qui n’utilise que des pigments naturels.
Aujourd’hui, c’est dans son atelier tokyoïte du Hérisson d’or qu’enfermée tout le jour telle « une ermite dans sa grotte », comme elle aime à se décrire, elle honore les commandes venues de tous les pays du monde grâce… à son compte Instagram ! Car les enlumineurs du 21e siècle, pour respecter des traditions et savoir-faire pluriséculaires, n’en vivent pas moins avec leur temps. Et l’enluminure, si elle ne décore plus les livres saints et autres missels, ornemente volontiers diplômes ou faire-part, célèbre mariages, naissances, anniversaires, êtres ou animaux chers. Tel client fait enluminer la phrase de son philosophe préféré, tel autre commande le portrait de sa fille en Marvel superwoman médiévale, tel autre encore un héros du « Dit du Genji » version européenne !
« Dès lors qu’on respecte un cadre et un style préétablis, la liberté de l’enlumineur est quasi-totale », se réjouit Miho qui avec son pinceau ultrafin de miniaturiste et sa plume de scribe, son parchemin ou son velin, ses couleurs vivantes et ses fonds d’or, nous montre que l’art traverse les époques et les frontières, de toute éternité.
Site de Miho Giraud :
https://atelierduherissondor.com
Site d’Annie Bouyer :
Vidéo sur Anne Bouyer :
https://enlumin-art.com/default.asp?page=35470&lg=
L’adoration du veau d’or, d’après une œuvre de 1295