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« Theaster Gates : Afro-Mingei » au musée Mori de Roppongi, Tokyo, jusqu’au 1er septembre 2024

Existe-t-il des points communs entre les cultures africaine et japonaise ? 

Pour Theaster Gates, artiste et plasticien afro-américain né à Chicago en 1973 et actif dans des domaines aussi variés que l’architecture, la planification urbaine, la musique et les artisanats en tous genres à commencer par la céramique, c’est une absolue évidence en ce qui concerne le Mingei, mouvement artistique né au Japon dans les années 20 et qui, dans la mouvance du Art & Crafts britannique, valorise les objets de la vie quotidienne, notamment les poteries et céramiques réalisées dans des matériaux « humbles » et dans un style rustique.

Theaster Gates s’intéresse au Japon depuis 2004, particulièrement à la céramique de Tokoname (préfecture d’Aïchi) qu’il collectionne et enrichit par ses propres initiatives et créations collaboratives. Pour préparer cette première exposition monographique au Japon qui rend hommage à son histoire d’amour de deux décennies avec ce pays, il a travaillé avec des artisans de diverses régions : Tokoname pour la céramique, Nagano pour les objets en bois recyclé, Kyoto pour l’encens ou le textile, Uji pour le thé… Il met aussi à l’honneur les arts plus anciens tels que celui d’Otagaki Rengetsu (1791-1875), potière, calligraphe, poétesse et nonne bouddhiste de l’ère Edo.

L’exposition se déroule tel un parcours initiatique débutant par une vaste salle au sol recouvert de briques carrées noires de Tokoname où l’on admire objets en bois et en céramique dont l’une porte le nom d’un artisan noir à une époque où écrire constituait un délit pour cette partie de la population, dans certains états d’Amérique. Au fond, des bancs disposés en épi devant un harmonium-autel relié à 7 grandes enceintes invite à la prière ou… au plaisir mélomane lorsqu’un virtuose japonais vient y interpréter des airs de blues ou de gospel. 

On parcourt ensuite une vaste bibliothèque remplie de livres (consultables) et un salon meublé de tables, lampes et divans (sur lesquels on peut se poser) évoquant son projet Rebuild Foundation, initié en 2009 dans le quartier noir de South Side à Chicago pour sauver de la destruction 40 bâtiments afin d’en faire des lieux d’archivage, de conservation, d’exposition et de création autour de la culture afro-américaine. 

Dans les salles suivantes se mêlent les propres oeuvres de Gates (céramiques ou peintures sur bois recouvertes de bitume en hommage à son père couvreur) et celles d’artistes asiatiques dans la mouvance du Mingei. On y contemple notamment tout un mur tapissé de céramiques empilées comme dans l’atelier d’un potier et quelques objets rares et originaux : horloge à encens en bronze de la société Shoyeido ou grosses jarres à saké enveloppées dans des étuis Prada !

L’exposition se termine dans une atmosphère festive, avec un espace bar au mur tapissé de centaines de flacons à saké calligraphiés du caractère « mon » qui signifie « gates » ou « porte » en japonais, précédé d’une installation en forme d’iceberg à facettes miroitantes évoquant une boule de discothèque qui nous indique que l’afro-Mingei, par son retour aux sources et au travail manuel, se veut respectueux de l’environnement sans oublier les plaisirs de la vie. Des concerts de DJ s’y donnent gratuitement certains soirs de la semaine, jusqu’à la fin de l’exposition. 

L’exposition : https://www.mori.art.museum/en/exhibitions/theastergates/

La programmation musicale : https://www.mori.art.museum/…/theastergates/06/index.html

Site de Theaster Gates : https://www.theastergates.com

Theaster Gates devant une des oeuvres emblématiques de l’exposition
L’espace bar avec son iceberg (dernière salle de l’exposition)
Flacons à saké calligraphiés du caractère « MON » (門)
Céramiques Afro-Mingei
Jarres à saké dans des étuis PRADA
Harmonium et bancs évoquant une église
Horloge à encens